Le
magmatisme post-collisionnel du nord-ouest de Bornéo, produit de la fusion d’un
fragment de croûte océanique ancré dans le manteau supérieur
Abstract. -
Lower Miocene potassic calc-alkaline diorites (22.3 - 23.7 Ma) and Middle to
Upper Miocene (14.6 - 6.4 Ma) sodic microtonalites and dacites were
successively emplaced in the NW part of Borneo (Sarawak). The latter display
obvious adakitic characters (lack of mafic rocks; lack or rare occurrence of
pyroxenes, usually replaced by near-liquidus amphiboles; very low Y and HREE
contents, consistent with the presence of residual garnet in their source). The
mineralogical and geochemical specific features of these adakites suggest their
derivation from the partial melting of metabasalts (garnet amphibolites or
eclogites) under high pressures (> 20 kbar), moderate temperatures (<
900°C), and oxidizing (fO2 > NNO) and water-rich conditions. These
constraints rule out the hypothesis of their derivation from basalts tectonically or magmatically accreted to the
base of the North Borneo continental crust. We propose that they originated
from the partial melting of basalts from a detached fragment of oceanic
lithosphere within the upper mantle. The occurrence below northern Borneo of
such a fragment, likely derived from the Proto-south China sea lithosphere, is
strongly suggested by tomographic data (Rangin et al., 1999). Its detachment would be a consequence of the
collision, at ca. 15 Ma, of the Cagayan Ridge volcanic arc with the rifted
continental margin of the south China sea. Like those of Central Mindanao
(Philippines), the Sarawak adakites are thus potential markers of the
occurrence at depth of oceanic crust slivers beneath collision zones.
Résumé - Le magmatisme néogène du
nord-ouest de Sarawak (Bornéo) s'est traduit par la mise en place: tout d'abord
de diorites calco-alcalines potassique au Miocène inférieur (22,3-23,7 Ma);
puis de microtonalites et dacites sodiques au Miocène moyen à supérieur (14,6 -
6,4 Ma). Ces dernières présentent d'évidentes affinités adakitiques (absence de
roches basiques; absence ou rareté des pyroxènes, remplacés par des amphiboles;
teneurs en Y et HREE très faibles, compatibles avec l'existence de grenat
résiduel dans leur source). Les particularités minéralogiques et géochimiques
de ces adakites suggèrent qu'elles dérivent de la fusion partielle sous fortes
pressions (> 20 kbar) et températures modérées (< 900°C) d'un protolite
basaltique contenant du grenat (amphibolite à grenat ou éclogite) en conditions
oxydantes et en présence de grandes quantités d'eau. Ces contraintes éliminent
l'hypothèse de la fusion de basaltes accrétés tectoniquement ou magmatiquement
à la base de la croûte continentale du nord de Bornéo, et favorisent par contre
celle de la fusion des basaltes d'un fragment de lithosphère océanique subduit
puis détaché dans le manteau supérieur. L'existence d'un tel fragment,
provenant de la proto-mer de Chine méridionale, est fortement suggérée par les
données tomographiques récentes (Rangin et
al., 1999). Son détachement serait intervenu à l'issue de la collision de
l'arc de la ride de Cagayan avec la
marge continentale riftée de la mer de Chine méridionale, vers 15 Ma. Les adakites de Sarawak, comme celles
du centre de Mindanao (Philippines), représenteraient donc des marqueurs de la présence en profondeur de
fragments de lithosphère océanique dans les zones de collision.