Champ Electrique - Champ magnétique


I/Charge électrique - Loi de Coulomb


1/ répulsion réciproque de deux charges




Les deux charges Q1 et Q2 se repoussent mutuellement avec une force F12 telle que :



où 1/4pe0 est la constante de proportionnalité: 1/4pe0 = 8.9875 109 (S.I.)

e0 = 10-9 / 36p (S.I.)

e0 = 8.85 10-12 (S.I.)


[1/4pe0] = [force] . [longueur]2 / [charge] 2

= kg.m.s-2 . m2 . Coulomb-2

= kg.m3.s-2. .A-2 s-2 (1 Coulomb est la charge transportée par un courant de 1 ampère en 1 seconde)

= kg.m3.s-4.A-2

2/ determination de

e0 : expérience de Coulomb





Comme dans l'experience de Cavendish pour la gravité, chacune des charge exerce une répulsion sur l'autre, ce qui provoque une rotation du pendule. Il suffit de mesurer la rotation de la "balance de Coulomb" pour en déduire la force d'interaction des deux charges...




3/ champ Electrostatique créé par une charge






Dans le champ de ainsi créé : dans ce cas particulier) toute particule de charge q placée dans ce champ E, subira une force de électrostatique (ou électromotrice) : F= q E



Dans la conception de la notion de champ, une particule, ou un groupe de particules) crée dans tout l'espace "quelque chose", de sorte que l'espace n'a plus pour seule propriété d'être vide : En effet, si on place une autre particule chargée en un point, elle "réagira" à cette nouvelle propriété de l'espace par le fait qu'elle se trouvera soumise à une force.


4/ champ magnétique - force de Lorentz - force de Laplace



Les effets magnétiques sont connus depuis l'antiquité. Par contre la relation entre phénomènes magnétiques et électricité est beaucoup plus récente (expérience fondamentale d'Oersted en 1820 qui montre qu'une aiguille aimantée placée au voisinage d'un fil parcouru par un courant électrique s'oriente selon une direction perpendiculaire au fil).

Avant cette période, il y avait confusion entre phénomènes magnétiques et phénomènes électrostatiques. En fait ces phénomènes sont indépendants en ce sens qu'un aimant n'a pas d'influence sur les interactions de corps chargés immobiles et que les corps chargés immobiles n'exercent pas d'influence sur les aimants.

Mais, les courants électriques étant dus à des mouvements de charges, le phénomène fondamental est celui de l'action exercée sur une particule chargée en mouvement.


dans un espace ou règne du "magnétisme"


1-

tout l'espace est influencé


=>

présence d'un champ magnétique B

2-

il existe des trajectoires de particules chargées qui ne sont pas influencées par ce champ


=>

ce champ est vectoriel : B

3-

pas d'accélération le long de la trajectoire


=>

force créée par ce champ perpendiculaire à la trajectoire : v B

4-

accélération perpendiculaire proportionnellle à la charge


=>

force proportionnelle à la charge q



on en déduit la formule de Lorentz :



Bien sur, si E règne aussi :


par habitude (toujours très mauvais) et par analogie (toujours dangereux), on parle de champ électromoteur (Em) pour le produit vectoriel v B. Ainsi la force de Lorentz résulterait de la somme de deux champs : le champ électrostatique et le "champ" électromoteur.


Mais attention : Em n'est pas un vrai champ puisqu'il dépend de la vitesse de la particule sur laquelle il s'applique !


Remarque : La force de Lorentz ne travaille pas (elle est toujours perpendiculaire au déplacement). Il n'y a donc pas de dissipation d'énergie associée à cette force. c'est une caractéristique importante qui aura son importance dans les problèmes de champ magnétique terrestre et de dynamo.



unité de B :


[B] = [force] / [charge] / [vitesse]


= kg. m. s-2 (Coulomb) -1 m-1 .s


= kg s-2 A-1


= Tesla ou Gauss


1 Tesla (physicien yougoslave 1857-1943), c'est donc le champ qu'il faut pour qu'une particule de 1 coulomb se déplaçant à 1 m/s subisse une force de 1 Newton (équivalente à un poids de 100 grammes à la surface de la Terre) c'est donc un champ assez intense ! (un gros électro-aimant produit en général un champ de quelques Tesla)


1 Gauss (mathématicien allemand 1777-1855), vaut 10-4 Tesla (c'est à dire que ca correspond à un poids de 1 centième de gramme)


Dans la suite, on verra que le champ Terrestre actuel prend des valeurs de l'ordre de quelques fraction de Gauss (0.2 à 0.4), alors que l'aimantation rémanentes des roches représente quelques fractions de 10-5 Gauss (ou quelques nano Tesla)



La formule de Lorentz permet de calculer la force subie par un élément de volume d'un conducteur (dt) entourant un point M, et parcouru par un courant de densité j.




rm étant la densité volumique de charge des porteurs mobiles et v leur vitesse au point M. L'élément dt contient la charge dq, qui subit la force magnétique dF :




Si on considère un élément de conducteur filiforme, de section constante, assez petit pour que le champ magnétique soit constant sur toute sa longueur, alors :





le volume du cylindre est : dt = dS.dl

il est donc soumis à la force :




F est donc la force à laquelle est soumis tout conducteur placé dans un champ B. c'est la force de Laplace. Elle est :

- proportionnelle à l'intensité du courant

- proportionnelle à l'intensité du champ magnétique B

- perpendiculaire au fil

- perpendiculaire au champ magnétique


le sens de F est donné par le produit vectoriel, ou encore la règle du bonhomme d'Ampère.







5/ champ magnétique créé par un courant : Loi de Biot et Savart



Revenons à une charge au repos :


la charge q placée en 0, crée au point M les champs E et B suivants :



une charge mobile crée dans l'espace qui l'entoure un champ électrique identique à celui qu'elle créerait si elle était au repos et un champ magnétique qui dépend de sa vitesse. En effet, le principe de relativité impose que l'on ne puisse pas discerner si on se déplace par raport à la charge ou si la charge se déplace par rapport à nous. Il faut donc qu'une charge en déplacement créé un champ magnétique qui puisse expliquer la force que l'on subirait si l'on se déplaçait dans le champ de la charge immobile.




B est en fait une manière simple de décrire l'action du champ électrique par un changement de référentiel.


on définit la constante m0, telle que : m0 = 1/ e0 c2



En généralisant la formule ci dessus, on trouve la Loi de Biot et Savart :



où j est la densité de courant (la somme des charges q multipliées par leur vitesse v)

a) cas d'un circuit filiforme





On considère un circuit fermé parcouru par un courant I constant, circulant dans un fil dont le diamètre est négligeable devant toutes les autres dimensions du problème. On cherche à determiner le champ magnétique B(M) créé par ce courant en un point M de l'espace.


Soit P un point du fil, et dl un élément du fil contenant P


La Loi de Biot et Savart indique que le champ magnétique créé au point M par le courant I circulant dans le circuit (c) est donné par l'intégrale :




b) cas d'un fil rectiligne infini




on considère que l'on a un fil rectiligne infini (en fait très long) dont la circuit est bouclé à une distance très grande devant celle à laquelle on veut calculer le champ. La contribution de la boucle à l'intégrale de Biot et savart sera donc négligeable devant la contribution de la partie rectiligne.




la contribution du petit élément dl donne le champ dB :


c'est une contribution perpendiculaire au plan de la figure. Pour obtenir le champ total on doit faire la somme le long du fil de ces contributions en tenant compte du facteur géométrique (dl ^ r)/r3 qui varie quand on se promène sur le fil, c'est à dire quand on fait l'intégrale avec z qui varie de - µ à +µ .


On a les relations suivantes : sinq = d/r et tgq = - d/z


qui donnent : r = d/ sinq et z = - d/ tgq


la deuxième expression donne : dz/dq = d . 1/tg2q . d(tgq)/dq

= d/tg2q .1/cos2q

soit finalement : dz = d.dq/sin2q


On peut donc réécrire le terme géométrique uniquement en fonction de q de la manière suivante :


on a alors :


6/ Loi d'Ampère rot B =

m0j


Dans le cas d'un champ vectoriel à divergence nulle (ce qui est le cas du champ magnétique B), on peut écrire le champ B comme étant le rotationnel d'un autre champ A que l'on nomme potentiel vecteur. On a alors :


B = rot A


On peut alors montrer que le potentiel vecteur verifie la relation :


DA+ m0j = 0


comme rot(rot (A)) = grad(div(A))-Laplacien(A) et que div(A) =0, on obtient facilement : rot(rot(A)) = - Laplacien(A)


et donc : rot(B) = m0j qui est la loi d'Ampère




sous forme intégrale, cette loi s'écrit :








Ou encore : la circulation de B sur une courbe fermée est proportionnelle à l'intensité totale traversant la surface intérieure du contour c.


Ici on voit la relation profonde qui existe entre courant j et champ magnétique B. La forme spatiale du champ fabrique du courant ou inversement : à chaque courant est associé un champ en rotationnel...

7/ les phénomènes dépendant du temps



a) La conservationde la quantité d'electricité implique (en phénomène stationnaire) :


si des charges sont crées (ou annihilées) au cours du temps pour compenser une divergence non nulle, alors cette relation devient :



r est la quantité de charges et dr/dt le taux de création de ces charges au cours du temps.



b) équations sur E


On peut comme d'habitude écrire que le champ electrostatique E dérive d'un potentiel V :


En phénomènes dépendant du temps, l'équation doit être complétée d'un terme qui provient de l'existance du champ magnétique induit. on a alors :

qui donne aisément :


(1)


On a également le théorème de Gauss qui reste valable :


(2)


c) équations sur B


le théorème d'Ampère généralisé devient :


(3)


et encore B=rot(A) qui donne :

(4)


l'ensemble de ces 4 équations constitue les équations de Maxwell.

CHAMP MAGNETIQUE TERRESTRE


1/ Historique










fig 2.1 page 16

les éléments principaux du champ magnétique :

- la déclinaison D est la déviation de l’aiguille de la boussole par rapport au Nord géographique.

- l’inclinaison I est l’angle entre le champ total et sa composante horizontale (l’inclinaison de l’aiguille de la boussole vers le haut ou vers le bas). Elle est comptée positive vers le bas.


Les composantes horizontales (X et Y) et verticale (Z) du champ total (F) sont donc données par :

Z = F sin (I)

Y = F (I) sin(D)

  • X = F cos(I) cos(D)


Les propriétés attractives de certains minéraux (magnétite) sont connues depuis les anciens grecs (Thalès - 6ème siècle AC) et les vieux chinois (du 3ème siècle AC - 6ème siècle PM). En chinois, on nommait ces minéraux "tzhu shih" c'est à dire "pierres-qui-s'aiment" (aimants).



- la première boussole (cuillère de Wang Chen-to) date du premier siècle avant JC.

- Les boussoles arrivent en Europe vers le 12eme siècle (Alexandre Neckham, moine de St Albans, 1190). A cette époque on imagine que l'aiguille de la boussole pointe vers l'étoile polaire, puis qu'il existe une montagne de magnétite polaire qui attire toutes les aiguilles.

- Roger Bacon (1266) puis Petrus Peregrinus (Epistola de magnete - 1269) remettent cette idée en cause. Ce dernier se livre à des expériences avec des aimants de forme sphérique. Il découvre le concept de pôles, la nature dipolaire des aimants et formule la loi selon laquelle les pôles identiques se repoussent et les pôles opposés s'attirent. Il décrit le premier "compas" à aiguille flottante.

- au début du 15

ème siècle, on redécouvre en Europe la déclinaison, connue en chine depuis la première mesure de I-Hsing (moine Bouddhiste) en 720. Les premières mesures cataloguées sont établies par Georg Hartmann, vicaire de Nurenberg, à Rome en 1510.

- le même Hartmann découvre l'inclinaison en 1544 mais sa découverte reste inconnue (jusque en 1813). C'est Robert Norman (Hydrographe Anglais) qui la redécouvre en 1576.

- de 1538 à 1541, João de Castro (commandant l'un des 11 navires de l'expédition portugaise vers les Indes) effectue 43 mesures de la déclinaison tout au long de son voyage et découvre que celle ci varie en fonction de la position.

(de Castro mesure 2 fois l'azimut du soleil, avant et après midi pour deux élévations identiques (déterminées avec un cadran solaire). La différence entre les deux mesures est la déclinaison)

- en 1546, Gerhard Mercator, mathématicien et géographe, démontre à partir des mesures de déclinaison que l'endroit vers lequel pointe l'aiguille aimantée ne peut se trouver "dans les cieux" mais bien sur la Terre !

- enfin, en 1600, William Gilbert (docteur de la reine Elisabeth I) reprend les expériences de Peregrinus, et grâce aux nouvelles connaissances (l'existence de l'inclinaison) écrit dans son célèbre traité "de magnete" :

Magnus magnes ipse est globus terrestris

C'est la première propriété attribuée globalement à la Terre (87 ans avant la gravitation de Newton)

- en 1634, Henry Gellibrand, Astronome au Gresham College, découvre sur la base de ses mesures et de mesures plus anciennes que la déclinaison change avec le temps. Il attribue cette observation à l'imprécision des mesures anciennes sans imaginer que le champ varie vraiment !



date

observateur

déclinaison

16 Oct. 1580

William Borough

11.3° E

13 Juin 1622

Edmund Gunter

6.0° E

16 Juin 1634

Henry Gellibrand

4.1° E













fig 1.3 page 5



- la première carte de déclinaison est publiée en 1702 par Edmund Halley après deux voyages à but uniquement scientifique (les premiers) en 1698 et 1700 dans l'Atlantique Nord et Sud.

- la première carte d'inclinaison est publiée à Stockholm par Johann Carl Wilcke en 1768.

- entre 1799 et 1803, Alexandre von Humboldt découvre que l’intensité du champ magnétique varie avec la latitude.

Au cours de ces voyages aux Amériques, il fait "vibrer" l'aiguille de sa boussole et compte le nombre d'oscillations sur une période de 10 minutes. Le nombre d'oscillations sur l'équateur magnétique au Pérou est de 211 et décroît symétriquement vers le Nord et vers le Sud, indiquant une augmentation de l'intensité du champ magnétique vers les pôles.

- les premières cartes d'intensité sont publiées en 1825 et 1826 par Christopher Hansteen, professeur de Mathématiques appliquées a Oslo.

- en 1838, Carl Friedrich Gauss calcule les premiers coefficients du développement du champ en harmoniques sphériques (à la main). Il utilise pour cela des mesures en 84 endroits espacés de 30° en longitude sur 7 parallèles. Il en déduit la position des pôles magnétiques (donnée par l'axe du dipôle dans son développement).

- James Ross "découvre" le pôle Nord magnétique en 1831 (70°05'N, 96°46'W)

- l'expédition Shackleton (David et Mawson) "découvre" le pôle Sud magnétique en 1909 (et se trompe de 130 km).

2/ La mesure du champ magnétique


3/ Le champ magnétique interne



a) harmoniques sphériques

Comme d'habitude, on montre que le champ dérive d'un potentiel :

et que ce potentiel vérifie l'équation de Laplace :



Y est un champ scalaire que l'on peut donc exprimer simplement sur la base des harmoniques sphériques :





Ou encore (en fonction des champs sphéroidal, poloidal et toroidal) :







b) relation avec le courant électrique



la loi d'Ampère (simplifiée) s'écrit :

et le champ lui même s'écrit :

On obtient donc :







Or, J lui même s'écrit sous la forme :



on obtient donc finalement, la propriété simple suivante :







c) expression des premiers termes du développement du potentiel Y



Tableau des valeurs numériques des premiers coefficients (de degré l=1)

l

m

alm (en nT)

blm(en nT)

1

0

-30 001

0

1

1

-1950

5634

2

0

-2038

0

2

1

3035

-2134

2

2

1652

-179

3

0

1293

0

3

1

-2156

-38

3

2

1244

261

3

3

851

-235



le premier terme du développement (

Y10) est donné par :





qui est tout simplement le potentiel associé à un dipôle d'intensité (I=a10 4pR3) orienté selon l'axe Z (vertical). L'amplitude de a10 est donc linéairement reliée à l'intensité du dipôle axial terrestre(qui pointe vers le bas car a10 est négatif).



De même, le terme (Y11) est donné, d'une part par a11, et d'autre part par b11. Le terme en a11 donne :





si g est l'angle entre les axes x et r, il est facile de montrer que cosg = cosj sinq. Du coup le terme en a11 apparaît comme la contribution d'un dipôle orienté selon l'axe horizontal x.



de manière similaire, le terme en b11 donne :





qui correspond à un dipôle orienté selon le deuxième axe horizontal y.

Le dipôle total p, peut donc être simplement déterminé par la somme vectorielle de ces trois dipôles. On obtient alors pour l'amplitude de p:







avec les valeurs numériques indiquées dans le tableau, on trouve un dipôle incliné d'environ 11,5° par rapport à l'axe de rotation de la Terre. A peu près 90% du champ magnétique terrestre en surface peut être expliqué par ce dipôle comme le montre le spectre.













Figure du spectre



La courbe en points blancs montre le champ tel qu'il est mesuré à la surface de la Terre avec une nette rupture de pente vers le degré 14. Les termes de degré inférieur à 14 sont attribués à des sources profondes (le Noyau), les autres termes à des sources superficielles (la croûte).

La courbe en points noirs montre le champ extrapolé à la surface du noyau. On voit que les termes de degré inférieur à 14 s'alignent alors sur une droite qui a sensiblement la même pente que celle de l'énergie des termes en provenance de la croûte, mesuré à la surface. Les termes de degré supérieur à 14 divergent, preuve supplémentaire qu'ils sont extérieurs à la surface noyau-manteau...

d) Unicité de la source et problèmes





Attention ! Encore une fois, un coefficient seul de la décomposition en harmonique sphérique n'a pas forcémént de sens physique "réel". Par exemple, si on analyse la contribution au champ d'un dipôle décalé du centre de la Terre d'une distance d suivant l'axe z.

placé au centre de la Terre, il serait représenté par :



décalé, il donne :





comme d << r, on peut faire un développement de Taylor : (1+x)-1 ~ 1-x



et on obtient :







Ce qui veut dire qu'un dipôle décalé de d peut être représenté par un dipôle centré (de même intensité) plus un quadrupôle augmenté de 2d, plus un octupôle, etc...

Cela montre qu'un dipôle décalé dans le noyau est mathématiquement indiscernable d'un dipôle centré associé à une série de termes de plus haut degrés (il n'y a pas unicité de la décomposition en harmonique sphérique).

D'autre part, cela montre que chaque coefficient ne représente pas la contribution de sources magnétiques distinctes et n'a pas de sens physique particulier.

4/ Variations temporelles du champ



Depuis les premières mesures de Gellibrand (1635) on sait que le champ magnétique varie : A Londres la déclinaison passe de 11°E en 1576 à 24°W en 1823 avant de revenir vers les 5°W d'aujourd'hui.












fig 2.7 page 39

variation de la déclinaison à Londres (Angleterre) et Hobart (Tasmanie)



En fait, les variations du champ magnétique terrestre se produisent à toutes les échelles et surtout avec des périodes allant de la milliseconde aux millions d'années.


Phénomène

période

amplitude

(nT)

Micropulsations

1ms-3mn

£ 1

variation solaire (jours calmes) (Sq)

24h

~ 20

variation solaire (jours agités) (Sd)

24h

~ 5-20

variation lunaire (L)

25h

~ 1

agitation magnétosphérique

1h-2h

~ 10

tempêtes magnétosphériques



(a) phase initiale

~4h

~ 15

(b) phase principale

~8h

~ 35

(c) phase de récupération

~60h

~ 35

champ magnétique externe

£ 4 ans


champ magnétique interne

> 4 ans


cycle des taches solaires

11 et 22 ans


dérive vers l'Ouest

2000 ans


inversion

105 - 108 ans


En général, on attribue les perturbations qui ont une période inférieure à un an au champ externe et celles qui ont une période supérieure à un an au champ interne.


Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de perturbations à courte période dans le noyau mais qu'elles ne sont pas visibles à la surface. En effet, le manteau étant électriquement conducteur, il agit comme un "écran" magnétique qui empèche les perturbations à hautes fréquences de "passer" à travers.


Le théorème d'Ampère généralisé (rot B=m0J + e0 m0 dE/dt) peut s'écrire sous la forme :


s est la conductivité électrique du manteau.

En prenant le rotationnel de cette équation, on obtient :



En utilisant une autre équation de Maxwell (rot E = -dB/dt), on obtient :



soit enfin :



cette équation est dite "équation d'onde" de B. le premier terme de droite représente un terme d'amortissement. En effet, la solution de cette équation est du type :



où k1 et k2 sont les parties réelles et imaginaires du nombre d'onde k, et w est la fréquence. En substituant cette expression de B dans l'équation, on montre que ça marche pour des valeurs définies de k1 et k2 en fonction de e,m,s, et w. Donc B devient nul à partir d'une certaine distance x, définie pour un w donné (e,m,s étant ceux du manteau terrestre). Avec les valeurs numériques classiques, on trouve de l'ordre de 1 pulsation par an comme fréquence de "coupure".

5/ paléomagnétisme



  1. enregistrement du champ ambiant dans les minéraux


La plupart des minéraux contiennent des "éléments" magnétiques, c'est à dire des "grains" composés d'alliages ou d'oxydes qui sont sensibles au champ magnétique ambiant. De ce fait, quand une roche se forme, elle acquière une magnétisation parallèle au champ magnétique ambiant qui existe au moment où elle se forme.

Deux "grains" qui ont chacun leur moment magnétique propre, vont vouloir s'aligner entre eux. Ces ajustements demandent de l'énergie et ne sont donc possibles que si la température de la roche est suffisamment élevée.

La température seuil en dessous de laquelle les ajustements ne sont pas possible est la température de Curie. Elle est différente pour chaque minéral.


En général, les roches sont fabriquées à chaud. Le processus est alors le suivant:


chaleur

=

énergie thermique









=

désordre atomique









=

désordre magnétique









imposition d'un champ extérieur

=>

alignement des moments sur ce champ













refroidissement

< temp. De Curie

=>

l'orientation est figée









=

Magnétisation Thermo Remanente (TRM)




C'est typiquement ce qui se passe dans une coulée de lave, ou dans une poterie ancienne.


Dans les sédiments, le processus est différent, ce sont des grains déjà magnétisés qui vont se déposer en s'orientant selon le champ magnétique ambiant au moment de leur dépot


Bien évidemment, la magnétisation primaire peut être suivie d'une remagnétisation totale ou partielle du minéral. Cela rend l'analyse plus compliquée qu'il n'y parait !

Les minéraux magnétiques les plus courants sont de deux types :


- antiferromagnétique (si les moments magnétiques adjacents sont d'égale amplitude)

- ferromagnétique (si les moments magnétiques adjacents ne sont pas d'égale amplitude)


certains minéraux à base de mélange d'Hématite (Fe2O3) et d'Ilménite (FeTiO3) (10% - 90%) sont globalement antiferromagnétique avec des agrégats ferromagnétiques









table 3.3 p 72



b) la dérive du dipôle


Les techniques de paléomagnétisme permettent donc de mesurer ce qu'était le champ magnétique à telle ou telle époque et à tel ou tel endroit. Pour ce faire, il suffit de prélever un échantillon de roche en l'orientant dans l'espace, de le dater, puis de mesurer son aimentation rémanente. Ensuite, en supposant que le champ de l'époque était dipôlaire, on calcule l'orientation de ce dipôle par simple reconstruction en trigonométrie sphérique.


on obtient la position du paléo-pôle (l1,f1) à partir de la position du site (l,f) et du champ "enregistré" dans l'échantillon par les formules suivantes :


sin l1 = sinl cosq + cosl sinq cosD


f1 = f + bb est donné par : sinb = sinq sinD / cos l 1









fig 3.7 p 81



en compilant les mesures effectuées pour les derniers 2000 ans (sur le mêm continent), on trouve que le pôle magnétique s'est significativement déplacé au cours de cette période.









fig 4.4 p 101



en comparent les mesures pour les derniers 350 million d'années en Europe d'une part et en Amérique d'autre part, on trouve des "chemins" différents pour le pôle magnétique.










fig 3.8 p 83


En fait, cette différence n'est qu'apparente, et vient du fait que les continents eux mêmes se sont déplacés l'un par rapport à l'autre de manière significative pendant ces derniers 350 Ma.


Si on tient compte de l'ouverture de l'Atlantique, alors les deux trajets du pole Nord magnétique coïncident de nouveaux. C'est une preuve de plus de la tectonique des plaques.


c) dérive vers l'ouest du champ dipôlaire


En analysant les chemins du pôle sur une certane période de temps à un site donné, on trouve une tendance à une rotation horaire, ou anti-horaire suivant les cas.









fig4.13 p 117


Cette rotation, est assimilée à la dérive vers l'ouest du champ total par Runcorn en 1959.










fig4.12 p 115


On imagine donc que la dérive vers l'ouest constaté dans le champ global peut être due au déplacement d'une source magnétique dans le noyau (par exemple un dipôle).

d) excursions du dipôle


Toujours en analysant les données paléomagnétiques, on trouve dans certains enregistrement une variation extremement rapide de la position du pôle dans le temps. ces enregistrements sont rares car il faut soit un volcan qui produise des coulées de lave très régulièrement pendant plusieurs milliers d'années, soit un lac dans lequel la sédimentation se fait très rapidement.










fig 4.15 p 124


On voit que non seulement la déclinaison est instable, mais surtout que l'inclinaison change de signe autour de 25 000 ans. Le dipôle s'est donc retourné pendant un temps assez court avant de revenir en position normale.

Par ailleurs, l'amplitude du champ est considérablement réduite pendant cette période, ce qui indique un phènomène complexe. En effet, il y a 3 explications possibles à cette excursions :

- le dipôle a vraiment changé d'axe

- la partie dipolaire du champ a diminué brusquement et c'est la partie non dipolaire qui a dominé le champ global pendant un certain temps (ce qui infirme l'hypothèse de départ qui permet de calculer ce chemin du dipole)

- Une source magnétique intense est brusquement apparue avant de disparaitre au bout d'un laps de temps assez court.

Les deux premières hypothèses imposent un phénomène global, ce qui pose un problème d'énergie. d'autre part, on devrait voir la même séquence en d'autres endroits à la même époque, ce qui n'est pas le cas.

la troisième hypothèse n'implique qu'un phénomène local. En effet, un petit dipôle placé n'importe où dans le noyau peut donner un champ non dipolaire très localisé en surface (15° soit environ 1500 km).

e) inversions du champ


En étudiant les enregistrements paléo magnétiques sur des périodes toujours plus longues, on trouve des séquences pour lesquelles le dipôle pointe vers le haut (pôle Nord) et d'autres ou il pointe vers le bas (pôle Sud).

C'est ce que l'on appelle des inversions.










fig5.9 p 152


si on regarde sur une période de temps plus courte, on retrouve le même schéma.











fig 5.3 p 140










fig 5.4 p 141

(réduction)

Bien quelles se produisent de manière apparament chaotique, ces inversion ne se produisent pas tout à fait indépendamment les unes des autres.



une analyse en série de Fourier montre qu'il n'y a pas de fréquence préférencielle pour les inversions (contrairement au Soleil qui s'inverse tout les 11 ans)


Cependant, les périodes de polarités normales ou inverses ont des durées qui ne sont pas uniformément réparties dans le spectre. Les périodes de polarité donnée sont de plus en plus courte ce qui laisse à penser qu'il y a une corrélation entre les époques successives.











fig 5.11 p 157



l'étude de ces séries temporelles a suscité la théorie du chaos et des attracteurs étranges dans les années 30 et 40. A l'heure actuelle, on n'est toujours pas capable de modéliser précisement ce qui se passe lors d'une inversion, ni pourquoi une inversion a lieu.


le principal problème est d'imaginer le mécanisme qui "relance la dynamo" très rapidement (l'intensité du champ descend très bas puis remonte à son niveau initial après l'inversion).